Douala : les vidéo clubs sur la pente de la mort

Plusieurs de ces salles de projection des films ont fermé leurs portes. Certains continuent de résister, malgré le peu de spectateurs qui y entrent.

Josiane Kouagheu
Douala-Cameroun

Il y a seize ans, Serge Roméo Pepmi ouvrait les portes de «Vidéo cocktail», un vidéo club situé au quartier Nkololoun à Douala. A l’époque, Serge Roméo faisait des recettes de 35 000 Francs Cfa par jour, soit un revenu mensuel de plus de un million de Francs. Et aujourd’hui ? Serge hausse l’épaule. Un voile traverse son regard. «Je ne parviens même

Des affiches du club-vidéo dragon ciné

Des affiches du club-vidéo dragon ciné

plus à faire une recette de 2000 F.Cfa par jour », dit-il, un brin de tristesse dans la voix. Serge explique pourtant qu’il a tout changé. Il utilise aujourd’hui un écran plasma, des lecteurs Dvd professionnels, une salle moderne aménagée et sa banque cinématique est constituée de plus de 2 000 films achetés exclusivement en France. Mais, rien n’y fait. Le vidéo club n’attire plus.

Huit spectateurs par film

«Avant, les sièges étaient faits de parpaings. Mais, la salle était toujours pleine à craquer. Les Camerounais dépensaient jusqu’à 300 F pour voir un film. De nos jours, les prix sont fixés à 100 F », dit-il comme surpris. En ce mois d’août 2013, Serge Roméo Pepmi a tenu à attirer des jeunes. A l’entrée de son vidéo club, plusieurs affiches alléchantes sont visibles : «Killing Point», «Attack force», «Vantage Point »… Dans la salle de projection, seules huit personnes sont assises sur les bancs. Michel Teumate est l’un d’eux. Le jeune technicien se dit « très déçu » de voir que les spectateurs ont déserté les salles de vidéo. Ce qui selon lui a causé leur fermeture.

A quelques mètres de là, un autre vidéo club a fermé ses portes à la mort de son propriétaire, apprend-t-on. «Si tu n’es pas résistant, tu ne peux pas tenir avec trois et sept spectateurs à chaque projection. La majorité des vidéo clubs ont fermé leurs portes. Je pense qu’il ne reste plus que trois à Douala », croit savoir David Ngassa, le gérant du club vidéo «Dragon ciné », situé au quartier Nsog-mahop. David est surpris du manque d’engouement du public Camerounais dans un pays «où toutes les salles de cinéma sont fermées».

Subscribe to iCameroon.Com Newsletter